Comment s’établissent les relations entre l’entreprise et son environnement économique ?

Les relations entre l’entreprise et son environnement économique

Agent économique Catégorie INSEE Exemple Rôle économique
Entreprises Sociétés non financières (SNF) Entreprises privées, PME, grandes entreprises Produire des biens et services marchands destinés à la vente
Ménages Ménages Consommateurs, épargnants, usagers de services publics Consommer des biens et services, épargner, fournir de la main-d’œuvre
Administrations publiques Administrations publiques État, collectivités locales Produire des biens et services non marchands d’intérêt collectif
Banques et institutions financières Sociétés financières (SF) Banques traditionnelles, banques en ligne, sociétés de crédit Fournir des produits et services financiers marchands (crédits, épargne, moyens de paiement)
Associations Institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM) Associations culturelles, sportives, humanitaires… Produire des services non marchands à destination des ménages
Reste du monde Non résident (INSEE) Clients ou fournisseurs étrangers, touristes Participer aux échanges internationaux de biens, services et capitaux

L’environnement économique dans lequel évolue une entreprise est composé de plusieurs types d’acteurs économiques, chacun jouant un rôle spécifique dans le système économique. Ces acteurs interagissent entre eux par des échanges de biens, de services ou de capitaux, et peuvent être classés en différentes catégories.

 

 

 

 

 

 

Le « reste du monde » regroupe l’ensemble des agents économiques situés en dehors du territoire national. Il inclut notamment les entreprises étrangères avec lesquelles une société entretient des relations commerciales, mais aussi les ménages étrangers comme les touristes.

Le circuit économique

 

Les interactions de l’entreprise avec les différents acteurs économiques se traduisent par deux types de flux :

  • Les flux réels, qui correspondent aux échanges de biens et de services (achats, ventes, travail fourni par les salariés).

  • Les flux monétaires, qui représentent les mouvements d’argent associés à ces échanges (paiements aux fournisseurs, encaissements des clients, emprunts bancaires, versement des salaires, paiement des impôts, etc.).

Pour mieux comprendre et visualiser ces échanges, on utilise le circuit économique : une représentation schématique qui simplifie et met en évidence la diversité des relations économiques entre les différents agents.

Les différents marchés sur lesquels ont lieu

les échanges économiques

Un marché est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande (d’un bien ou d’un service) dont le fonctionnement se caractérise par le degré plus ou moins élevé de concurrence.

Une entreprise réalise des échanges sur trois types de marchés : le marché des biens et services, le marché du travail et le marché des capitaux.

 

1. Le marché des biens et services

🔹 Rôle de l’entreprise :

  • Offreur lorsqu’elle vend ses produits ou services aux consommateurs ou à d’autres entreprises.

  • Demandeur lorsqu’elle achète des biens (matières premières, machines…) ou des services (publicité, nettoyage, etc.) à d’autres entreprises.

🔹 Le prix :

Le prix des biens et services résulte de la rencontre entre l’offre (les producteurs comme l’entreprise) et la demande (les consommateurs ou autres entreprises).

🛒 Exemple : Une entreprise textile vend ses vêtements à un prix fixé selon la demande des consommateurs et la concurrence. Elle achète du tissu à un fournisseur, selon les prix du marché.


2. Le marché du travail

🔹 Rôle de l’entreprise :

  • Demandeur de travail : elle cherche à recruter des salariés.

  • Les ménages (ou les personnes actives) sont les offreurs de travail, en mettant à disposition leurs compétences, leur force de travail.

🔹 Le prix :

Le salaire est le prix du travail. Il est fixé selon la loi de l’offre et de la demande, mais aussi selon la qualification du poste, la rareté du profil, les conventions collectives, ou le salaire minimum légal.

👩‍💼 Exemple : Une entreprise embauche un ingénieur à un salaire négocié selon ses compétences et les prix du marché de l’emploi.


3. Le marché des capitaux

🔹 Rôle de l’entreprise :

  • Demandeur de capitaux : elle cherche à financer ses investissements via des emprunts ou des apports en capital.

  • Les banques, les investisseurs ou les marchés financiers sont les offreurs de capitaux.

🔹 Le prix :

Le taux d’intérêt (pour un emprunt) ou le rendement attendu (pour un investisseur) est le prix de l’argent. Il dépend du risque, de la durée du financement et des conditions économiques.

💶 Exemple : Une entreprise emprunte auprès d’une banque à un taux de 4 % pour financer l’achat d’une machine.

Les relations qu’une entreprise entretient avec d’autres entreprises sur les marchés

Une entreprise peut entretenir deux grands types de relations économiques avec d’autres entreprises : des relations de complémentarité ou des relations de concurrence.

  • Relations de complémentarité :
    L’entreprise collabore avec des partenaires économiques tels que ses fournisseurs (en amont) ou ses clients professionnels (en aval). Sur ces marchés, elle agit respectivement en tant que demandeur (lorsqu’elle achète des matières premières, des services ou des biens intermédiaires) et en tant qu’offreur (lorsqu’elle vend ses produits ou services à d’autres entreprises). Ces relations sont essentielles à la chaîne de production et à la création de valeur.

  • Relations de concurrence :
    L’entreprise se trouve en situation de compétition avec d'autres entreprises qui proposent des produits ou services similaires pour répondre au même besoin. La concurrence peut porter sur le prix, la qualité, le niveau d’innovation, ou encore le service rendu. Ces relations incitent les entreprises à se différencier et à améliorer continuellement leur offre pour conquérir ou conserver des parts de marché.


Cette distinction permet de mieux comprendre le positionnement stratégique d’une entreprise dans son environnement économique.

Le fonctionnement des marchés

A. La loi de l’offre et de la demande : un ajustement vers l’équilibre

La loi de l’offre et de la demande est une idée fondatrice de l’économie de marché, formalisée dès le XVIIIe siècle par les économistes classiques tels qu’Adam Smith et David Ricardo, puis reprise par les néoclassiques comme Léon Walras.
Elle repose sur l’idée que le marché s’autorégule grâce à la confrontation entre offreurs (les vendeurs) et demandeurs (les acheteurs). Selon cette loi, une hausse du prix entraîne une baisse de la demande et une augmentation de l’offre, et inversement. Le marché tend ainsi vers un point d’équilibre, où les quantités offertes et demandées se rejoignent. Ce mécanisme illustre la célèbre main invisible évoquée par Smith, selon laquelle la poursuite de l’intérêt individuel concourt à l’intérêt général.

B. Les barrières à l’entrée et les asymétries d’information : des limites au bon fonctionnement du marché

Les barrières à l’entrée ont été étudiées notamment par Joseph Schumpeter, qui explique que l'innovation peut créer des monopoles temporaires, et par les économistes de la théorie de la concurrence imparfaite, comme Joan Robinson ou Edward Chamberlin. Ces obstacles peuvent être techniques, juridiques ou stratégiques, et freinent l’arrivée de nouveaux acteurs sur un marché, limitant ainsi la concurrence.

Les asymétries d’information ont été approfondies au XXe siècle par des économistes comme George Akerlof, qui a illustré ce phénomène avec la théorie du "marché des lemons" (voitures d’occasion de qualité incertaine). Une partie du marché dispose d’une meilleure information que l’autre, ce qui empêche les décisions rationnelles. Par exemple, les vendeurs connaissent mieux la qualité de leur produit que les acheteurs. Pour corriger ces déséquilibres, les institutions imposent des obligations d’information aux professionnels, dans une logique inspirée de l’économie institutionnaliste (Douglass North).

C. Les externalités : des effets collatéraux non intégrés dans les prix

Le concept d’externalité (ou effet externe) a été introduit par Arthur Pigou au début du XXe siècle. Il désigne les effets indirects d’une activité économique sur des agents tiers, sans qu’ils soient pris en compte par le marché. Ces effets peuvent être négatifs (pollution, nuisances) ou positifs (formation de salariés, innovation diffusée).

Les externalités négatives, comme la pollution, sont sources de défaillance du marché, car elles engendrent un coût pour la collectivité sans être intégrées dans les prix. À l’inverse, les externalités positives apportent un bénéfice collectif (ex. : éducation, santé) non rémunéré. Pigou préconisait l’usage de taxes correctrices pour intégrer ces effets au prix de marché, tandis que des approches plus contemporaines insistent sur la régulation publique ou la création de droits de propriété (Coase, 1960) pour traiter ces externalités.

 

Le fonctionnement du marché ne se réduit pas à la simple rencontre entre l’offre et la demande. Il est influencé par des facteurs tels que les barrières à l’entrée, les asymétries d’information ou les externalités, autant d’éléments qui viennent remettre en cause le modèle de concurrence pure et parfaite théorisé par les néoclassiques. L’intervention d’acteurs publics ou la mise en place de mécanismes correcteurs devient alors essentielle pour assurer un fonctionnement économique plus équitable et efficace.