Comment le numérique transforme‐t‐il l’environnement des entreprises ?
1. La transformation numérique est à l’origine d’externalités de réseau
La transformation numérique s’appuie sur le développement massif des technologies de l’information et de la communication (TIC) : Internet haut débit, cloud, objets connectés, intelligence artificielle, etc. Ces technologies modifient profondément la manière dont les acteurs économiques interagissent.
A. De nouveaux acteurs qui se rencontrent sur des places de marché virtuelles
• Des acteurs variés, reliés par les TIC
L’économie numérique réunit :
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les entreprises, qui digitalisent leurs processus productifs ou commerciaux ;
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les ménages / particuliers, à la fois consommateurs et producteurs de données ;
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les acteurs publics, qui modernisent leurs services (ex : démarches administratives en ligne).
Tous interagissent via des outils numériques : applications, systèmes d’information, plateformes collaboratives, etc. Ces interactions permettent des échanges plus rapides, plus fluides et moins coûteux.
• Les places de marché : nouveaux espaces d’échange
Une marketplace est une plateforme numérique mettant en relation des offreurs et des demandeurs.
Exemples : Amazon, Leboncoin, Vinted, AirBnB, ManoMano, mais aussi des plateformes B2B comme Alibaba ou des plateformes publiques (plateformes d’achats gouvernementaux).
Ces plateformes constituent le cœur de l’économie de plateformes, caractérisée par l'intermédiation numérique.
B. De nouvelles relations d’échange génératrices d’externalités de réseau
• Les formes d’échange sur Internet : B2B, B2C, C2C, B2G
Les relations marchandes sur Internet se déclinent en quatre modèles :
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B to B : échanges entre entreprises (ex : grossistes, fournisseurs).
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B to C : relation entreprise → consommateur (ex : e-commerce).
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C to C : échanges entre particuliers via plateforme (ex : Vinted).
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B to G : relation entreprise → administrations publiques.
Pour les RH, ces catégories modifient la nature des emplois (ex : logistique e-commerce, modération de contenu C2C, gestion des appels d’offres publics, etc.).
• Les externalités de réseau : un mécanisme central
Une externalité de réseau désigne le fait qu’un service devient plus utile à mesure que le nombre d’utilisateurs augmente.
Exemples :
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Plus il y a de conducteurs et de passagers sur BlaBlaCar, plus le service est attractif.
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Plus une messagerie comme WhatsApp compte d’utilisateurs, plus elle devient incontournable.
Pour les entreprises RH, cela signifie :
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dépendance croissante aux plateformes ayant atteint une masse critique ;
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risques de monopoles et de dépendance technologique ;
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nécessité de compétences en gestion des données et en architecture de plateformes.
2. La transformation numérique crée de nouveaux modèles d’affaires et impose de nouvelles régulations
A. De nouveaux modèles économiques : économie de l’usage, plateformes et accélération de la valeur
• Une accélération de la création de valeur
La digitalisation permet :
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automatisation,
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réduction des coûts,
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relation client personnalisée,
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exploitation des données (big data),
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amélioration des processus internes.
Les entreprises gagnent en réactivité, en rentabilité et en capacité d’innovation.
• L’économie de l’usage et l’économie collaborative
Dans l’économie de l’usage, le consommateur cherche une expérience, pas la propriété.
Exemples :
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location de voitures (Free2Move),
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streaming (Netflix),
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abonnements logiciels (SaaS).
Dans l’économie collaborative, il s’agit de mutualiser des biens ou des services entre pairs.
Exemples :
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Couchsurfing,
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troc de compétences,
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plateformes de covoiturage.
Impact RH :
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nouveaux métiers (community managers, data analysts, responsables expérience client) ;
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évolution des compétences (agilité, culture data, maîtrise des outils collaboratifs) ;
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nouvelles formes d’emploi (indépendants de plateforme, freelances, micro-entrepreneurs).
B. Une nouvelle concurrence exigeant une régulation adaptée
• Les plateformes bouleversent la concurrence
Elles peuvent :
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favoriser la comparaison des prix ;
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réduire les coûts d’entrée sur un marché ;
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créer des positions dominantes (GAFA).
Elles disposent d’un pouvoir significatif via les données des utilisateurs et les algorithmes influençant les comportements d’achat.
• Une régulation complexe
Les États doivent réguler :
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protection des données (RGPD),
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transparence des algorithmes,
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taxation des géants du numérique,
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concurrence équitable,
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modération des contenus,
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conditions de travail des travailleurs de plateformes (ex : livreurs, chauffeurs VTC).
Pour les RH, cela implique :
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nouvelles formes de dialogue social ;
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réflexion sur la protection sociale des travailleurs de plateforme ;
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gestion des risques psychosociaux liés à l’hyper-connectivité.
3. La digitalisation entraîne une dématérialisation généralisée et des transformations majeures du travail
A. La digitalisation : un levier de performance pour les organisations
• Optimisation des processus internes
La digitalisation permet :
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automatisation des tâches répétitives (RPA : Robotic Process Automation),
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amélioration de la coordination entre services,
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meilleure gestion des indicateurs de performance (BI),
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onboarding facilité,
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veille stratégique en temps réel.
Exemple RH : dématérialisation des bulletins de paie, outils SIRH, gestion automatisée du recrutement.
• Gains de productivité et croissance
La digitalisation constitue un investissement productif : équipements informatiques, logiciels, cybersécurité, formation.
Elle améliore la productivité du travail grâce à :
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l’automatisation,
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les outils collaboratifs,
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la réduction des erreurs,
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l’innovation.
B. Des mutations profondes au niveau de l’emploi et du marché du travail
• Des effets contrastés sur les conditions de travail
L’« industrie 4.0 » combine :
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automatisation,
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data,
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réalité augmentée,
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robots collaboratifs.
Conséquences :
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disparition d’emplois routiniers,
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montée en compétences (analyse, résolution de problèmes, cybersécurité),
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transformation profonde du rôle des opérateurs industriels,
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nouveaux besoins de formation continue.
Pour les RH : enjeux de GPEC, formation, conduite du changement, attractivité des métiers techniques.
• Une reconfiguration du marché du travail
Plusieurs tendances s’accentuent :
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polarisation des emplois : baisse des emplois intermédiaires, hausse des emplois très qualifiés et des services peu qualifiés non automatisables ;
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essor du télétravail et du travail hybride ;
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développement de freelances et du travail indépendant via plateformes ;
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transfert de certaines tâches vers l’utilisateur (self-checkout, gestion en ligne).
Cela nécessite :
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une redéfinition des compétences clés (digital, soft skills, autonomie),
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une adaptation des politiques RH à l’hybridation du travail,
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un accompagnement au changement continu.
Conclusion
La transformation numérique bouleverse profondément :
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les modèles d’affaires,
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les relations entre acteurs,
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la concurrence et la régulation,
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l’organisation du travail et les compétences.
Pour les professionnels RH, ces changements représentent autant de défis (requalification, inclusion numérique, nouvelles formes d’emploi, risques psychosociaux) que d’opportunités (nouveaux métiers, automatisation, attractivité, amélioration des conditions de travail).